Sorti le 9 août, Gran Turismo raconte l’histoire vraie (mais romancée) de Jann Mardenborough, un joueur talentueux de Gran Turismo. Sans vous divulgâcher l’intrigue, ce dernier devient pilote professionnel via le programme GT Acadamy chapeauté par Nismo, la branche Racing de Nissan. Asphalt Cafe a pu assister à une projection en avant-première du dernier film de Neill Blomkamp, le réalisateur de District 9 et d’Elysium, tout de même ! Voici notre avis sur le film Gran Turismo
Passer du canapé à la piste
Une des raisons pour lesquelles on adore les mondes de l’auto et de la moto, c’est qu’au delà des poches de liberté que ces univers représentent, c’est aussi et surtout de formidables laboratoires de réalisation des possibles. Entendez par là que dans ces mondes là, non seulement des exploits sont réalisés mais en plus, ils ont très souvent tendance à repousser les frontières de ce que l’on pense être réalisable.
C’est d’ailleurs peut-être ce qu’on dû se dire les créateurs de la GT Academy, car plus qu’un coup marketing, le programme chapeauté par Nissan a réussi là où personne ne l’attendait. Au contraire, il a réussi même là où tout le monde aurait voulu qu’il échoue. Mais c’était sans compter sur la détermination et le talent de Jann Mardenborough, l’un des gagnants des différentes éditions de la GT Academy.
Inspiré d’une histoire vraie
Si le film raconte l’histoire de Jann Mardenborough et à travers lui, les débuts de la GT Academy, le jeu dont il tire son nom, fait son apparition avec quelques easter eggs placés ici et là par le réalisateur. Ainsi retrouve-t-on quelques rapides scènes tirées directement du jeu, ou encore des sons caractéristiques comme celui du décompte. D’autres éléments graphiques sont aussi de la partie, les plus voyants étant bien sûr les pointillés sur la piste symbolisant la “trajectoire idéale”, avec les indications de freinage en couleur. Dans le même esprit, la police de caractère utilisée pendant les scènes de courses rappellera forcément quelque chose au joueur de Gran Turismo.
En revanche, nous ne sommes pas face à un hommage appuyé à la série de Polyphony Digital, un projet qui n’aurait de toute façon pas eu d’intérêt. Par exemple, si les jeux Gran Turismo sont une lettre d’amour à l’industrie automobile, c’est souvent grâce à un roster étendu, présentant des véhicules souvent inconnus. Dans le film, on ne sort pas vraiment du giron de Nissan. Très rapidement, on peut jeter un coup d’œil, sur une Porsche, une Lamborghini (la fameuse horreur dorée) ou la voiture des parents de Jann (une rare Volkswagen Corrado).
Encore plus fugacement, et avec des yeux de lynx, les plus avertis reconnaîtront peut-être certains modèles durant les courses. Nous sommes en tout cas très loin des 1049 véhicules proposés sur GT5 ou des 1241 de GT6. On ne croise aucune caisse de l’écurie Tommy Kaïra, aucune TVR Speed 12 pas même un petit aperçu de la Suzuki Escudo Pikes Peak Version ou de la Mazda Demio, généralement le premier véhicule qu’il est donné de piloter dans un Gran Turismo pour passer l’épreuve initiale du permis le plus facile. Gran Turismo Le Film n’est pas un film sur le jeu Gran Turismo, vous suivez ?
La GT Academy : se distinguer parmi des millions d’inscrits
Si on se réfère à son histoire, Jann Mardenborough a dû faire ses armes sur GT5 et 6. Petite entorse à la chronologie, dans le film, le jeune homme joue sur PS5 à Gran Turismo 7; on repère d’ailleurs une manette Dual Sense lors d’un plan. Précisons que le pilote aurait alors pu essayer GT en réalité virtuelle. Cela l’aurait-il aidé ?
Sans doute pas ! Car si dans le film Gran Turismo, les crashs sont légions, dans le jeu pourtant unanimement reconnu pour nombre de ses qualités – graphismes réalistes, richesse de la base de données, comportement routier des véhicules… -, les accidents demeurent mal gérés, voir totalement ignorés. Alors oui, en activant les options dédiées, certaines pièces mécaniques peuvent être endommagées lors d’accident, mais excepté quelques menues rayures et un peu de tôle enfoncée, les véhicules de Gran Turismo ne subissent aucun contrecoup esthétique majeur lors des crashs, au grand regret de nombreux joueurs. Pour la petite histoire, diverses théories ont été avancées pour expliquer cela : trop compliqué à réaliser en raison des nombreux véhicules disponibles, des constructeurs qui ne voulaient pas voir leurs “précieux” endommagés et même l’amour immodéré de Kazunoru Yamauchi pour les automobiles qui ne supporte pas de les voir abimées…
Du spectacle et plus encore.
Toujours est-il que le film n’est pas exempts de défauts : on regrettera surtout un manque d’explications techniques dans l’art du pilotage ou quelques indications sur les réglages de course. Mais il faut plaire au plus grand nombre (ce qui d’ailleurs a toujours été le compromis choisi par le jeu) et c’est en ce sens que le film est une réussite puisqu’on passe un bon moment de cinéma. Les effets visuels sont spectaculaires et l’ambiance racing intéressante. On est immergé dans l’habitacle lors des courses et, contrairement à ce que certains voudraient nous faire-croire, ce monde faire encore vibrer le cœur de millions de jeunes, garçons et filles. Ces dernières n’ont jamais été aussi présentes en course et cette année 2023 a vu le sacre de Lilou Wadoux, une amiénoise de 22 ans qui est devenue la première pilote féminine à remporter le championnat mondial d’endurance, aux 6 Heures de Spa-Francorchamps en Belgique. Bref, Gran Turismo c’est un peu plus qu’un simple jeu vidéo ou un film. Exactement ce que voulait Kazunori Yamauchi, son créateur, en somme.