Première création du programme ultra-exclusif Solitaire, la Bugatti Brouillard réinvente l’art du carrossier sur base de Mistral et signe l’un des ultimes chapitres du W16. Inspirée par le cheval favori d’Ettore Bugatti, ce coupé unique en vert profond conjugue personnalisation extrême, détails équestres et performances stratosphériques. Présentée à Pebble Beach en 2025, elle sera livrée en 2027 à son unique propriétaire européen.
Bugatti n’hésite pas à revisiter son héritage pour avancer : la Brouillard, première pièce du programme ultra-exclusif Solitaire, incarne cette philosophie en renouant, un siècle plus tard, avec la logique des grands carrossiers habillant des châssis Bugatti à la demande de clients fortunés. Comme la Royale du début du XXe siècle, parfois habillée “maison”, parfois confiée aux ateliers Binder ou Weinberger, la Brouillard pose sur la base Mistral une “peau” intégralement repensée, adaptée sur-mesure à la personnalité et aux désirs de son unique propriétaire.
Bugatti Brouillard, hommage personnel
Le nom Brouillard n’est pas laissé au hasard : il fait référence au cheval favori d’Ettore Bugatti, passionné d’équidés et de la “ligne pure”, adoptée aussi bien pour la célèbre calandre en fer à cheval que dans les réclames, où ses voitures étaient surnommées “pur-sang des automobiles”. Ce lien se retrouve dans le dessin de la Brouillard : capot allongé, ailes arrière subtilement musclées, proportions et volumes inspirés par la puissance souple d’un cheval dans son élan. Les designers Bugatti ont ainsi créé “une carrosserie sans ligne dure”, privilégient des courbes organiques, une tension musculaire apparente dans chaque détail.
Contrairement à la Mistral d’origine, la Brouillard se distingue par son toit fixe en verre, qui transforme le roadster en coupé lumineux et spectaculaire, une première sur cette base. S’y ajoutent deux prises d’air fonctionnelles sur le toit — un clin d’œil direct à la Veyron — et un aileron fixe en “queue de canard”, conçu pour optimiser l’équilibre aérodynamique et remplacer l’élément mobile de la Mistral. Les déflecteurs, le diffuseur arrière et les quatre sorties d’échappement sont spécifiques au modèle, preuve que chaque composant peut être redéfini pour s’adapter au projet.
Quand le luxe se fait pistache
L’un des choix les plus audacieux, validé en étroite collaboration avec le client mystère — européen, précise Bugatti, mais qui laisse toujours la marque libre d’arbitrer la décision finale — concerne la teinte : le vert profond s’impose, dedans comme dehors, même si d’autres propositions (bordeaux, marron, gris cristal) ont été travaillées par les équipes à Berlin. L’habitacle repousse la personnalisation à l’extrême : tartan équestre sur les sièges et panneaux de porte, broderies de têtes de chevaux, tissu parisien sur mesure, fibre de carbone teintée, mobilier en aluminium, atmosphère presque “cathédrale” créée par la verrière centrale.
Moteur de la Bugatti Brouillard, chant du cygne d’un monstre
Sous la carrosserie, la base reste celle du Mistral : châssis hybride carbone-aluminium et moteur W16 quadriturbo de 8,0 litres, délivrant 1 600 ch (1 177 kW), accouplé aux roues arrière Michelin PS4S de dimensions imposantes (285/30 20 à l’avant, 355/25 21 à l’arrière). Les performances restent dans le cercle fermé des hypercars : 0 à 100 km/h en moins de 2,5 s, même si personne ne l’achètera pour croiser sur l’autoroute. Cette évolution ultime du W16, entrée dans la légende avec la Veyron il y a vingt ans, signe sans doute l’une de ses dernières apparitions – du moins jusqu’au prochain projet Solitaire, car Bugatti conserve la possibilité d’en lancer deux par an, toujours sur base mécanique et châssis existants.
La Brouillard ne se contente cependant pas d’accumuler les détails ostentatoires. Le design doit rester Bugatti, avec les signatures maison (calandre, ligne verticale centrale, profil en C). Mais c’est aussi une toile libre pour le client, dans la limite de la reconnaissance “ADN Bugatti”. Un investissement immense (18 mois de travail et une homologation comparables à un modèle de série), pour une valeur improbable — le prix, discret, dépasse probablement le double des 5 millions d’une Mistral et n’est pas communiqué.
La Bugatti Brouillard se dévoilera au public lors du Concours d’Elégance de Pebble Beach en août 2025, mais sa livraison au client est prévue en 2027, après une gestation digne d’une œuvre d’art.