Dans le paysage urbain français, la vignette Crit’Air joue un rôle central dans la lutte contre la pollution atmosphérique. Obligatoire dans certaines métropoles, elle classe les véhicules en six catégories distinctes, déterminant ainsi leur droit de circuler en fonction de leur niveau de pollution. Au-delà des barèmes, des prix et des villes concernées, cette certification suscite des enjeux sociaux cruciaux et exerce un impact sur l’environnement.
Vignette Crit’Air : un sésame indispensable pour circuler
Encadrée par un arrêté du 29 juin 2016, la vignette Crit’Air est devenue un sésame indispensable pour pénétrer dans certaines zones du territoire français appelées ZFE (Zone à Faibles Emissions) . Sous la forme d’un autocollant apposé sur le pare-brise, cette étiquette permet aux autorités de contrôler et de réguler la circulation automobile en fonction de l’empreinte environnementale des véhicules. L’apposition de cet autocollant est obligatoire et le non-respect de cette obligation expose les contrevenants à une amende.
Toutefois, les enjeux liés à la vignette Crit’Air sont nombreux. Elle est censée favoriser une meilleure qualité de l’air dans les zones urbaines, réduisant ainsi les risques sanitaires associés à la pollution atmosphérique. Les émissions de particules fines et de gaz toxiques émanant des véhicules sont responsables de nombreux problèmes respiratoires et cardiovasculaires, touchant particulièrement les populations vulnérables, comme les enfants, les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques. En limitant l’accès des véhicules les plus polluants, la vignette Crit’Air vise à améliorer la santé publique et à réduire les inégalités sociales en matière de santé.
Une écologie anti-sociale ?
MAIS, cette certification impacte directement les usagers de la routes et leur portefeuille. La vignette pénalise financièrement les conducteurs de véhicules plus anciens qui sont souvent des personnes à revenu modeste ne pouvant pas se permettre de changer de véhicule rapidement. Cela soulève des questions d’équité sociale et économique, car l’accès aux zones restreintes (ZFE) peut devenir difficile voire impossible pour certains ménages. Ainsi, les enjeux sociaux liés à la vignette Crit’Air nécessitent une réflexion approfondie sur les mesures d’accompagnement pour les propriétaires de véhicules non conformes et sur la promotion de solutions de mobilité alternatives et abordables.
Le gouvernement a bien mis en place des aides comme le bonus écologique ou la prime à la conversion mais non seulement cette dernière aide n’est pas disponible à tous mais en plus, dans tous les cas, l’effort financier pour remplacer un véhicule, bien souvent en bon état de fonctionnement est élevé : au moment de l’écriture de cet article, la voiture la moins chère du marché est la Dacia Sandero en version 1.0 SCe 65ch Essential et son prix est affiché à 11 990 euros.
De plus, il y a une vraie incompréhension de la part du public : pourquoi mettre au rebus une voiture qui répondait parfaitement aux critères des normes « Euro » en vigueur au moment de son achat et qui roule encore très bien ? Lorsqu’un propriétaire de véhicule à signer son chèque pour acquérir son véhicule, son bien n’était pas censé être périssable autrement que par son usure d’usage.
Enfin notons un autre aspect polémique en ce qui concerne les vignettes Crit’Air : elles sont aussi définies en fonction des années, ce qui implique qu’un même véhicule, ayant deux années de millésime différent peut se voir interdire de circuler juste parce qu’il ne correspond pas à la bonne année de production.
Un assouplissement des ZFE
Suite au comité interministériel qui s’est tenu ce lundi 10 juillet 2023, les objectifs futurs du déploiement des Zones à Faibles Emissions, dont les vignettes Crit’Air constitue la clefs pour y pénétrer, ont été considérablement revus à la baisse, prenant en compte l’amélioration de la qualité de l’air. Seules certaines agglomérations connaissant des dépassements des seuils réglementaires devront maintenir leur calendrier, notamment Paris, Rouen, Lyon, Marseille et Strasbourg.
En revanche, pour d’autres agglomérations telles que Toulouse, le projet est ralenti. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, initiateur du rapport sur les « 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale » semble avoir été entendu par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et solidaire. Ces changements notables sont une lueur d’espoir pour certains habitants de Toulouse, qui sont soumis à la Zone à Faibles Émissions (ZFE) depuis le 1er mars 2022.