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    Skoda : la révolution électrique, oui, mais pas au mépris du client ni du bon sens

    Dans un secteur auto déchiré entre les prophètes de la batterie et les nostalgiques du diesel, Skoda, troisième marque européenne, joue la carte du pragmatisme : objectifs CO₂ tenus, succès commercial au rendez-vous (+14 % de ventes ce semestre), mais refus clair de tout dogmatisme technologique. Son CEO, Klaus Zellmer, s’impose comme l’une des voix les plus nuancées de 2025 dans une interview donnée au journal espagnol El Economista.

    Alors que le débat public vire souvent au pugilat entre prosélytes du tout-électrique et partisans de la combustion, Klaus Zellmer plante un décor autrement plus concret : « L’ennemi, c’est le CO2, pas la technologie ». Pas question de sacrifier les besoins du client sur l’autel des normes, ni d’imposer un avenir unique à coups de législation ou d’incantations industrielles. Skoda mise sur la diversité : électriques, hybrides, Mild Hybrid, diesel. Résultat : 14 % de croissance sur le semestre, la marque grimpe sur le podium européen derrière VW et Toyota.

    Cette stratégie s’appuie sur une écoute active du marché : si la clientèle veut — pour l’instant — un mix large, alors le constructeur le lui offre, sans céder ni à la panique climatique, ni au statu quo.

    Skoda électrique, non au dogme, oui à la réalité du terrain

    Zellmer ne rejette pas l’électrique, mais s’inquiète d’une transition menée à marche forcée, loin du terrain : « Le futur est électrique par efficacité, mais le chemin c’est le consommateur qui doit le tracer. » Le PDG insiste sur la nécessité de maintenir des prix compétitifs, une recharge simple et des modèles vraiment attractifs. Son positionnement est qu’accélérer la vente d’électriques ne sert à rien si le pouvoir d’achat ne suit pas et si les infrastructures stagnent. Pour le constructeur, l’électrification de la gamme n’est donc pas un impératif marketing mais un objectif de marché, et la “prime à la vertu” ne remplacera jamais la logique industrielle. À mi-2025, le mix motorisations et l’atteinte des seuils CO2 avec trois ans de marge réglementaire permettent à Skoda d’aborder l’avenir avec confiance — loin des discours anxiogènes. Et les résultats lui donnent raison : un parc produit saturé, une marge opérationnelle à 7,5 % depuis le début d’année, des Octavia (thermiques) qui côtoient à parts égales des Enyaq et des Elroq (électriques), la gamme la plus sophistiquée de l’histoire de la marque.

    Skoda, l’Europe et la menace chinoise

    Autre pilule amère : alors que la Chine exporte sa surcapacité vers l’Europe, l’ambiance protectionniste ne convainc pas Zellmer : « Les droits de douane accordent un sursis, mais les investissements chinois en Europe rendent la concurrence inévitable ». La vraie bataille ne se jouera pas à coups de barrières douanières, mais bien sur la capacité à offrir valeur, simplicité et compétitivité. Un terrain où Skoda compte sur ses synergies de groupe (Cupra, VW…) : la nouvelle Epiq (SUV compact tout électrique à partir de 25 000 €), produite en Espagne, s’annonce clé selon la marque pour démocratiser l’électrique auprès des familles.

    Alors que d’autres marques rechignent à évoquer le thermique, Zellmer ne fait pas la politique de l’autruche : « En 2030, la majorité du parc roulera encore à combustion. Si e-fuels ou biocarburants permettent de réduire les émissions, ils doivent être encouragés ». Le pragmatisme prévaut : hybrides rechargeables (Superbe, Octavia PHEV), Mild Hybrid, maintien des valeurs-sûres (Fabia) et une transformation progressive, mais pas au détriment de ceux qui n’ont pas les moyens d’une berline tech à 45 000 €. Sur les grandes tendances à la mode — hydrogène, IA, conduite autonome —, le CEO refuse le messianisme. L’hydrogène ? « Réservé à l’aviation ou au maritime. » L’IA ? Un outil prometteur, mais pas encore mature ni utile partout, surtout pour le grand public. L’important, martèle-t-il, est de garantir au client une vraie “valeur ajoutée” : sécurité, praticité, innovation oui — mais pas à n’importe quel prix. Il rejette toute idée de régulation pour plafonner le tarif des petites citadines : « Ce qu’il faut, c’est simplifier la bureaucratie. »

    L’implantation stratégique en Espagne avec le projet Epiq résulte d’un calcul sur les synergies internes : mutualiser, partager la plateforme, exploiter un vivier de compétences local, capitaliser sur l’agilité institutionnelle et l’accompagnement public. Pas de projet “one shot” mais la promesse, si le socle persiste (emplois, coût, soutien), de développer une vraie base de production au sud de l’Europe. Skoda n’écarte pas l’expansion là où le marché le justifie : Inde, Sud-Est Asiatique, Maghreb, mais pas enAmériques où le groupe Volkswagen a déjà ses relais.

    David Lefevre
    David Lefevrehttps://www.asphalt-cafe.com
    Journaliste auto et moto, fan de carbus et de turbo mais déguste avec plaisir les innovations et le couple camionesque des électriques actuelles. Regarde devant sans faire table-rase du passé.

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